À LA BOUCHERIE : 40è nouvelle de mon challenge RAY BRADBURY, elle buggue sur une simple expression... toujours Aspie ;-)

La boucherie a longtemps été une terre incognita pour moi. Je n'y mettais pas les pieds. Voilà. C'était simple. Tellement plus simple. Ne croyez pas qu'il s'agisse de végétarisme ou de véganisme. Oh non. Aucun rapport.

Toute personne foncièrement contre l’ingestion d'un autre être vivant, ne poursuivez pas cette lecture. J'ai toujours aimé manger de la viande et comme nombre de gens, j'adore mon chien et mes chats. J'ai conscience de tuer des animaux qui ont autant de valeur que mes animaux domestiques mais je pense que notre santé peut le justifier. C'est immoral et scandaleux selon vos critères et je vous prie de m'en excuser, sincèrement. Je n'écris pas ce texte pour vous choquer. Là n'est pas mon but. Aujourd'hui, ayant pris conscience de la souffrance animale, Je veille à n'acheter que dans des structures locales et bio, connaissant leurs producteurs et s'assurant d'une vie et d'une mort des animaux conformes à la dignité humaine et animale.

Je n'ai donc pas supprimé la viande de mon alimentation, contrairement à certains membres de ma famille et du fait de mes convictions je vais désormais dans des boucheries bio et locales. Mais je ne connais pas mes quantités : je n'ai pas de notion de poids. Je ne maîtrise pas non plus les noms des morceaux de viande et je ne reconnais certaines viandes qu'avec difficulté. Ce n'est qu'après de nombreux essais erreurs, en montrant du doigt, en commandant sans montrer, que je parviens aujourd'hui à faire illusion. Eh oui, j'ai un petit surnom : Morgaspie, aspie, Asperger ! Eh bien, même ces années de camouflage ne suffisent pas toujours !

L'autre soir, avant la fermeture, je voulais six côtes d'agneaux, prélevées dans un carré de côtes. Le boucher n'était pas sûr d'en avoir assez et c'est en découpant qu'il réalisa qu'en fait de six, elles étaient sept ! C'est alors qu'il déclara, royal :

— Sept ! La septième, c'est pour moi !

Devinez ce que je répondis ?

— Ah bon ? On ne peut pas l'avoir ?

Misère ! Aspie un jour, Aspie toujours ! Les expressions de la langue et les autistes, Asperger et autres, ne sont pas toujours amis ! Cette fois-là, j'avais buggé...

Et le boucher de se retourner vers moi, surpris, la bouche ouverte, les yeux ronds :

— Bien sûr ! Je vous l'offre !

Mon fils qui m'accompagnait me dit alors :

— Euh, maman, c'est une expression ! C'est pour nous, gratuit !

— Ah, d'accord ! Excusez-moi, je n'avais pas compris, je suis désolée, m'empressai-je de répondre au gentil commerçant, confuse.

— Non,non, y a pas de mal ! Et avec ça ?

— Ce sera tout. Merci.

Mon fils n'en pouvait plus et s'étouffait presque en voulant retenir son fou rire. Vive la jeunesse !